SANTÉ: RÉPONSE AU CRI D’ALERTE D’UN MÉDECIN GENERALISTE

Dans un article de L’indépendant paru le 05 février dernier, le docteur Philippe Paux faisait part de ses inquiétudes concernant une augmentation constante de la patientèle et un manque de nouveaux médecins sur la commune. Il y invitait tous les candidats à  penser ou repenser leur programme et engagements afin de mettre en avant l’urgence s’imposant, la santé (..)

Conscient du problème et des enjeux depuis le constat que nous avons pu faire dès 2014, nous  avons fait part au Docteur Paux, dans un courrier dont vous pouvez prendre connaissance, des actions concrètes mises en place dès 2015 et du travail que nous menons en vue d’accompagner les professionnels de la Santé dans la création d’une maison de santé pluridisciplinaire.

COURRIER:

Carcassonne, le 10 février 2020

 

Docteur,

J’ai pris connaissance avec attention du courrier que vous m’avez adressé sur l’état de la médecine générale à Carcassonne, sur la situation particulière de votre quartier du Viguier et plus généralement sur les conditions à réunir pour favoriser l’installation de nouveaux médecins sur notre commune.

Je partage entièrement votre constat et vous remercie de nous avoir alertés sur cette situation, car cela me permet de rappeler que la santé des carcassonnaises et carcassonnais a toujours été au cœur de mes préoccupations.

Ainsi, dès mon arrivée aux affaires en 2014, j’ai souhaité donner à la santé une place prépondérante dans les objectifs que je m’étais fixés pour la Ville et alors même que ce domaine n’est pas une compétence obligatoire pour les communes, j’ai créé une délégation santé et nommé l’une de vos consœurs, le Docteur Geneviève PICHARD, en qualité d’élue référente.

Dès lors, la Ville s’est attelée à la mise en place et à la réalisation de nombreuses actions, entrant dans les engagements du Contrat Local de Santé que la Ville co-pilote avec l’Agence Régionale de Santé Occitanie.

Ces actions portent notamment sur l’amélioration des soins de premiers recours avec en premier lieu la mise à disposition en 2015 d’un nouveau local pour la Maison Médicale de Garde à Patte d’Oie, dans un bâtiment entièrement réaménagé et mis aux normes par la Ville, garantissant de meilleures conditions de travail pour les médecins intégrant la structure et proposant un service et un accueil des patients améliorés.

Sous l’impulsion du Docteur Pichard, ont également vu le jour les « mardis de la santé », conférences-débats sur des thématiques de santé prégnantes, entièrement gratuites pour le public et animés par des spécialistes des domaines traités. Ces conférences sont un réel succès et attirent chaque mois un public de plus en plus nombreux.

De nombreuses actions sont menées annuellement pour prévenir certaines maladies parmi lesquelles je pourrais citer le dépistage gratuit du diabète mené chaque année avec le Collectif Diabète, l’aide à l’arrêt du tabac avec des actions dans le cadre du Mois Sans Tabac, la lutte contre les conduites à risques en milieu festif, notamment sur la Feria avec un stand dédié pour alerter et sensibiliser le public.

Nous menons également une importante action de sensibilisation et de lutte contre l’obésité infantile, qui gagne du terrain en France. Ainsi, un questionnaire a été réalisé et distribué au sein d’une école maternelle et des ateliers ont vu le jour afin d’éduquer les enfants et leurs parents à un meilleur équilibre alimentaire. Le questionnaire vient d’être étendu à 3 nouvelles écoles maternelles, dont les analyses nous seront restituées d’ici quelques semaines. La Ville œuvre aussi, au travers de son axe 3 de son Contrat Local de Santé, à la promotion du bien-être et de la santé mentale de ses habitants.

Nous avons réalisé un questionnaire et mené une enquête en 2017 auprès des étudiants et élèves de terminale de la ville sur leur état de santé. Nous avons obtenu près de 1500 réponses, qui ont mis en exergue un manque de confiance en eux des jeunes et leur volonté de voir créés des ateliers sur ce thème. Forte de cette analyse, la Ville a donc mis en place ces ateliers au sein du lycée Jules Fil. Ce fut une réelle réussite, dont le Lycée s’est félicité et dont il nous a remerciés et nous a demandé à ce qu’ils soient poursuivis, ce qui a été fait et ce qui est toujours le cas cette année. Le succès de ces ateliers a été tel que nous avons été également contactés par l’Association des Villes Universitaires de France qui a souhaité que la Ville participe et présente ce projet lors des Rendez-Vous de la Santé Etudiante qui se sont tenus à Paris en juin 2019.

Depuis, nous poursuivons ces ateliers au sein du lycée Jules Fil et les étendons cette année à un autre lycée de la Ville avec également la perspective de proposer de nouveaux ateliers complémentaires aux premiers afin de mieux gérer le stress.

La Ville a également travaillé à l’élaboration d’un livret sur le parcours de soins en santé mentale sur son territoire, document en cours de finalisation, émanant d’une volonté des professionnels de santé à ce qu’un tel document voie le jour.

La Ville œuvre également depuis plusieurs années à une meilleure prise en compte des personnes âgées dans leur parcours de santé. Ainsi, ont été créés en 2015, les « Ateliers du Petit Lycée », qui permettent au travers une quinzaine d’ateliers de tous ordres, à près de 800 personnes âgées de plus de 65 ans de se resociabiliser, de lutter contre leur isolement et de prévenir les risques de dépendance et de fragilité (avec la prévention primaire, secondaire et tertiaire). Pour conforter notre action, nous avons réalisé une enquête sur la fragilité basée sur la méthodologie du Pr VELLAS du Gérontopole, montrant que plus de la moitié des 450 réponses présentaient déjà des signes de perte d’autonomie.

Sur la question de la démographie médicale, conscient des difficultés auxquelles la Ville va être confrontée à moyen terme, j’ai missionné un cabinet conseil pour dans un premier temps réaliser un audit auprès des professionnels de santé, puis rechercher parmi eux celui ou ceux qui seraient volontaires pour porter un projet de Maison de Santé Pluridisciplinaire que nous accompagnerions.

En effet, force est de constater que les jeunes médecins ne souhaitent plus travailler comme leurs aînés. Ils plébiscitent le travail de groupe, coordonné, avec des horaires aménageables et flexibles, laissant une place plus grande à leur vie de couple et de famille. Ils souhaitent véritablement se recentrer sur leur cœur de métier et pouvoir déléguer les tâches les plus chronophages de leur métier comme l’administratif ou l’éducation thérapeutique, tout en aménageant des temps pour se réunir et échanger en équipe sur les patients et leur suivi. C’est ce que permet une MSP. Depuis 2018, nous sommes à pied d’œuvre pour concrétiser ce projet.

Deux réunions avec les médecins de la Ville ont été organisées (vous avez participé à la dernière). Il est indiscutable qu’une telle entité doit émaner de la volonté des médecins eux-mêmes et non être imposée par la Municipalité. Nous avons toujours eu cela à cœur et avons toujours associé le corps médical à tous nos travaux et vous avons tenu informés de nos avancées. Aujourd’hui, cet accompagnement a porté ses fruits. Trois projets sont susceptibles de voir le jour sur notre commune.

Un premier verra le jour à proximité du palais de justice, car il est vrai que c’est là une priorité pour moi, s’inscrivant dans mon vaste projet de redynamisation du centre-ville, porté par les Docteurs Attias et Peyre. Le rez-de-chaussée de la structure accueillerait la maison de santé, tandis que l’étage accueillerait une salle de réunions et de collation pour les professionnels de santé et des logements, dont une partie sera réservée aux stagiaires en médecine générale. Cette structure pourrait voir le jour dans un délai de 2 ans.

Le deuxième projet de maison de santé est en train de voir le jour, route de Narbonne, par la construction d’un bâtiment, porté par le Docteur Sentenac. La Ville va accompagner ce médecin à l’écriture de son projet de santé jusqu’à sa labellisation par l’ARS. La maison de santé pourrait ouvrir d’ici la fin de l’année. Un troisième projet pourrait également aboutir dans le quartier de la Pierre Blanche, porté par le Cabinet du Docteur Mandonnaud. La Ville va également aider ces professionnels à l’écriture de leur projet de santé jusqu’au dépôt du dossier à l’Agence Régionale de Santé pour labellisation.

Pour finir, concernant notre cher quartier du Viguier, sachez que je suis fermement décidé à trouver une solution réunissant toutes celles que je viens d’évoquer afin que ses habitants puissent retrouver la sérénité au travers d’une offre de santé qu’ils méritent et digne de ce nom. Mais pour cela j’aurai besoin de vous et de votre soutien ainsi que de vos confrères ou tout autre porteur potentiel d’un projet à implanter dans ce secteur. Nous pouvons faire beaucoup de choses avec de la volonté, mais pas sans les acteurs de terrain dont vous faites partie.

Parallèlement à cela, je reste conscient qu’une maison de santé ne peut être viable et pérenne que dès lors qu’elle attire de nouveaux médecins sur son territoire et qu’ils s’y implantent. Elle dispose pour cela de cinq médecins maîtres de stage des universités agréés, pouvant accueillir des internes en médecine générale, mais nous souhaiterions, avec votre appui et celui de vos confrères, pouvoir convaincre d’autres médecins à franchir le pas.

A ce titre, nous avons rencontré dernièrement le Professeur Stéphane OUSTRIC, Professeur des Universités, Président de la sous-section 53-03 du Conseil National des Universités, Coordonnateur régional Occitanie du D.E.S de Médecine Générale et également Président du Conseil de l’ordre des Médecins de Haute-Garonne. Ce dernier nous a assuré de l’attrait de Carcassonne auprès des internes des CHU de Montpellier et Toulouse, qui doivent réaliser au cours de leur cursus obligatoirement au moins un semestre de stage en médecine générale. Le Professeur Oustric nous a également assuré du potentiel de la Ville pour qu’une fois leur diplôme obtenu, les internes s’implantent sur son territoire. La Ville a de nombreuses pistes de travail en ce sens, notamment en matière de facilités de logement, d’accès aux offres culturelles et de soirées dédiées. Mes services s’y attèlent actuellement.

Il m’importait, Docteur, de vous confirmer que la santé n’a jamais été laissée de côté et qu’au contraire je m’attache à faire qu’elle soit au cœur des politiques publiques et de mon projet de mandat, par la conclusion notamment d’un nouveau Contrat Local de Santé pour la période 2019-2023.

Recevez, Docteur, l’assurance de ma considération distinguée.

Gérard LARRAT